2020-2025 : les 5 thèmes qui ont façonné le numérique
IA, cybersécurité, souveraineté numérique : découvrez les 5 sujets incontournables qui ont le plus impacté et façonné le monde numérique entre 2020 et 2025.

Entre les outils, les technologies, les pratiques professionnelles et les réglementations, le monde numérique évolue à une vitesse fulgurante, avec des nouveautés presque chaque jour. Souveraineté numérique, IA ou cybersécurité : on revient avec vous sur les 5 sujets qui ont le plus façonné et impacté le monde numérique au cours de ces 5 dernières années.
Les réglementations du numérique : l’Europe durcit le ton
En 2020, l’Europe n’avait pas encore clairement défini une stratégie numérique cohérente : la gouvernance numérique était surtout fragmentée, et les États membres agissaient souvent de manière indépendante.
Seule exception notable : le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), adopté en 2018 et qui met en place un cadre européen autour du traitement des données personnelles par les organisations.
L’Europe n’est pas restée inactive en 5 ans et est depuis passée à une véritable politique numérique via la création de 2 nouveaux textes de lois : le DMA (Digital Market Act) et le DSA (Digital Service Act.) Deux textes dont l’impact commence tout juste à être visible en 2025, près de 3 ans après leur entrée en vigueur : Apple et Meta ont notamment été condamnés à des amendes respectives de 500 millions et de 200 millions de dollars pour non-respect du DMA.
Mais si l’Europe a accéléré le mouvement concernant l’encadrement du numérique, le constat autour des réglementations européennes reste, lui, à nuancer.
Certains grands noms de la tech comme Microsoft et AWS ne sont pas concernés par la réglementation du DMA malgré leur poids et leur statut de « Gatekeeper » sur le marché.
De plus, d’autres normes ont vu le jour dans la foulée du DMA et du DSA comme le CAA, le DORA et le NIS2 : une multiplication des normes qui illustre le travail de régulation et d’encadrement de plus en plus important mené du côté des Européens.
Ainsi, plusieurs questions se posent concernant la réglementation européenne :
- Les textes de loi pour encadrer le numérique ne sont-ils pas (déjà) trop nombreux ?
- Ces derniers sont-ils réellement utiles, quand des entreprises comme Amazon et Microsoft parviennent à y échapper malgré leur statut ?
- Est-ce que l’Europe parviendra à simplifier son modèle dans les prochaines années ?

L’intelligence artificielle : le nouveau moteur de l’innovation
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’IA faisait déjà parler d’elle avant 2022. En effet, elle suscitait déjà un fort engouement en 2020, mais restait principalement cantonnée à des expérimentations ou à des cas d’usage bien définis (automatisation, reconnaissance vocale, recommandations).
Depuis, il va sans dire que les choses ont (légèrement) changées.
L’IA est devenue omniprésente dans l’actualité numérique depuis la découverte de ChatGPT par le grand public (une étape qui est souvent la preuve qu’une technologie a atteint un certain niveau de maturité) et bouscule depuis les usages métiers en place.
L’IA générative en est la meilleure preuve : cette dernière transforme la manière de produire du contenu en générant textes, vidéos et images en quelques secondes, accélère la programmation grâce à l’automatisation du code et rédéfinit également le fonctionnement des supports clients grâce à des agents conversationnels capables de gérer des demandes complexes à tout moment.
Le secteur connaît également un développement sans précédent avec chaque jour de nouveaux outils basés sur son fonctionnement : d’après la direction générale des entreprises, la France compte 1000 start-ups spécialisées dans l’IA en 2025 contre 502 en 2021.
Toutefois, malgré une progression fulgurante aussi bien en termes d’outils, d’usages et de promesses, l’intelligence artificielle soulève encore beaucoup d’interrogations notamment autour des questions éthiques, de transparence et de son impact sur le marché du travail.
L’enjeu pour les entreprises est, quant à lui, clair : comment peuvent-elles se servir de l’IA, et des outils basés sur son fonctionnement, pour enrichir les usages de leurs équipes et ainsi accroître leurs performances ?

La souveraineté numérique : reprendre l’autorité stratégique en main
En 2020, le concept de souveraineté numérique est à peu près perçu de la même façon que la transformation numérique. Un sujet intéressant mais encore lointain et finalement peu urgent à traiter. Des personnalités du monde de la tech comme Alain Garnier tirent à ce moment-là la sonnette d’alarme pour prévenir de la dépendance des entreprises françaises aux solutions américaines.
Cinq ans plus tard, deux événements, la crise sanitaire de 2020 (avec la pénurie de masques) et le spectre d’une guerre commerciale mondiale (avec l’instauration de nouveaux droits de douane par les Américains) ont profondément transformé la perception du sujet.
La souveraineté numérique devient un enjeu national, avec tout récemment une déclaration de Clara Chappaz, ministre chargé du numérique, sur l’importance de sortir du giron des outils américains pour permettre à la France de reprendre son autorité stratégique en main.
Il ne reste qu’à déterminer si cette volonté désormais commune de renforcer la souveraineté numérique des entreprises et institutions françaises dépassera le stade du simple discours pour prendre forme à travers des actions concrètes.

La cybersécurité : une question de pérennité
La cybersécurité constituait déjà un problème majeur pour les organisations en 2020… mais elle n’était pas pour autant au cœur de leurs enjeux non plus. Elle était avant tout perçue comme une contrainte technique réservée aux grandes entreprises et à certains secteurs sensibles.
En seulement 5 ans, les choses ont bien changées puisque la cybersécurité est devenue une priorité de premier ordre et cela pour toutes les entreprises, publiques comme privées.
Un changement de statut qui s’explique par la transformation digitale massive des organisations, en particulier après la crise du Covid-19, et la multiplication en parallèle des menaces numériques, toujours plus nombreuses et sophistiquées.
Les entreprises ont adopté le télétravail, basculé leur activité dans le cloud et adopté de nouveaux outils pour s’adapter aux enjeux du travail à distance, multipliant ainsi les points d’entrée potentiels vers leurs données et ressources.
Dans le même temps, les cybermenaces se sont multipliées, touchant de plus en plus d’entreprises indépendamment de leur taille et mettant en péril leur compétitivité et même, dans certains cas, leur pérennité :
- En 2023, près d’une entreprise française sur deux dit avoir subi au moins une cyberattaque ;
- Près de 70% des attaques recensées en 2024 ont visé des petites et moyennes entreprises ;
- Selon l’édition 2024 du baromètre du groupe Allianz, les cyberattaques sont perçues comme le premier risque qui menace la performance des entreprises ;
La cybersécurité est donc plus que jamais prise au sérieux en 2025.
Toutefois, cette nouvelle façon de considérer la cybersécurité s’accompagne en parallèle d’un durcissement des normes de cybersécurité avec, par exemple, la norme SecNumCloud, qui, bien qu’importantes, imposent de lourdes contraintes aux organisations et remettent en question le principe d’agilité du cloud. Car si renforcer la sécurité de son organisation est une étape plus incontournable que jamais, elle revient à complexifier dans le même temps l’accès à ses services numériques.
La sécurité… au détriment de l’agilité des équipes et des collaborateurs.
Verrons-nous apparaître dans les prochaines années une innovation capable de conjuguer authentification forte et accès sans friction aux outils de l’entreprise ?

La transformation numérique :
La crise sanitaire de 2020 a été un catalyseur, brutal mais très efficace, de la transformation numérique des organisations.
Avant 2020, la digitalisation des entreprises était perçue comme optionnelle : un axe d’évolution intéressant, envisageable…mais pas nécessairement urgent.
Face à la crise du Covid-19 et aux confinements successifs, beaucoup d’entreprises ont dû accélérer leur transformation numérique dans l’urgence. Une transition brutale qui a, certes, permis aux organisations françaises de passer le cap de la transformation numérique, mais qui les a également poussées à multiplier les outils collaboratifs, les laissant avec un système d’information hétérogène… et finalement peu adapté à leurs enjeux.
En 2025, la transformation numérique n’est plus perçue comme un simple avantage mais comme un prérequis indispensable à la compétitivité des entreprises. Toutefois, malgré une avancée majeure sur le sujet, toutes les organisations ne sont pas égales en la matière : les petites structures comme les TPE/PME accusent du retard et peu d’entre elles disposent d’un système d’information moderne et adapté à leurs enjeux.
Maintenant que la digitalisation des organisations est déjà bien entamée, l’attention se porte sur l’IA, perçue comme le nouvel accélérateur capable d’automatiser les processus les plus complexes et de propulser la productivité des organisations vers un tout autre niveau.
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Conclusion
Entre 2020 et 2025, le numérique en Europe a connu une accélération marquée sur plusieurs thématiques. L’Union européenne a musclé sa stratégie de réglementation avec de nouvelles normes (DMA, DSA), même si leur empilement rend le cadre réglementaire parfois difficile à gérer pour les organisations. L’intelligence artificielle, en particulier l’IA générative, a profondément transformé les usages et s’est imposée comme un moteur d’innovation clé pour l’avenir. La souveraineté numérique est devenue une priorité politique, tandis que la cybersécurité s’est imposée comme un impératif pour toutes les entreprises face à l’augmentation toujours plus importante des cyberattaques.
Enfin, la transformation numérique des organisations, amorcée dans l’urgence du Covid, est désormais vue comme un prérequis, même si de fortes inégalités persistent selon la taille des structures. Des sujets dont l’évolution au cours des 5 dernières années a été pour certains fulgurante et qui dessinent encore aujourd’hui l’avenir du numérique de demain.